HISTOIRE-GÉOGRAPHIE - M. GANDOULY

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Thibault Gandouly, Philippe d'Orléans, comte de Paris, Via Romana, février 2020.

Comte de Paris


Présentation :

Petit-fils du roi Louis-Philippe et arrière-petit-fils de Philippe-Égalité, Philippe d'Orléans, comte de Paris (1838-1894), naît au palais des Tuileries. Passant son enfance entre Paris et le château d'Eu en Normandie, il doit quitter la France avec sa famille à la suite de la proclamation de la Seconde République. Un destin hors du commun l'attend : il réalise un voyage au Proche-Orient puis intègre les rangs nordistes lors de la guerre de Sécession. Revenu en France après la guerre de 1870, il tente de réaliser l'unité monarchique en rendant visite au comte de Chambord en 1873. L'échec du projet de restauration l'éloigne de la politique et l'amène à se retirer au château d'Eu, dont Viollet-le-Duc assure la restauration. Dix ans plus tard, la mort de son cousin le désigne en héritier de la couronne. Travailleur acharné, il s'implique dès lors activement dans la vie du parti royaliste en vue de la conquête du pouvoir. Après le vote de la loi d'exil en 1886, il redessine les contours de la doctrine monarchique, conciliant les héritages orléaniste et légitimiste. Ses écrits témoignent de son souci de l'adapter à la société de son temps. Les soubresauts politiques de la fin des années 1880 le conduisent à tenter de détourner le mouvement boulangiste en faveur de la monarchie. Cependant l'échec électoral de 1889 et le ralliement d'une partie des royalistes à la République sonnent le glas de ses espérances. Il s'éteint prématurément en Angleterre en septembre 1894.
En s'appuyant sur de nombreuses sources jusque-là inexploitées, Thibault Gandouly entreprend de faire revivre Philippe d'Orléans, un homme profond, pragmatique, à la vie exemplaire, un patriote doublé d'un parfait chrétien. Le parcours de ce prétendant, le dernier qui ait été à la tête d'un parti royaliste en capacité de menacer la République, accompagne et éclaire aussi un demi-siècle politiquement troublé, marqué par les complots, les scandales et les révolutions.

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Valeurs Actuelles, 21 mai 2020 : Au rendez-vous manqué de l'histoire de France

Première biographie d'un prince trop méconnu, Philippe d'Orléans, comte de Paris, 1838-1894, signale le talent d'historien de son jeune auteur, Thibault Gandouly.
Il aurait été un bon roi : l’épitaphe est de Jules Simon, l’un des pères fondateurs de la IIIe République, et ce conditionnel passé résume à lui seul l’étrange tragédie d’un destin,celui d’un prince royal devenu “prétendant”, réduit par la malice des temps à devoir prétendre aux droits de sa naissance. Louis-Philippe Albert d’Orléans naît aux Tuileries le 24 août 1838, veille de la Saint-Louis, premier-né du duc d’Orléans et petit-fils de Louis-Philippe, roi des Français, qui décernera à l’enfant le titre de comte de Paris, qui n’avait plus été porté depuis Robert le Fort, arrière-grand-père d’Hugues Capet, le défenseur de Paris contre les Normands en 865.
Ce retour aux origines capétiennes relevait plus, hélas, de l’histoire que de la tradition, laquelle avait été interrompue en 1793. Le titre est contemporain de Versailles devenu le musée de l’Histoire de France, “Histoire” avec une majuscule ; c’est un succédané un rien fragile, pour une époque incurablement moderne. Toute la tragédie royale est déjà là. M. Thibault Gandouly sait raconter la vie du jeune prince, qui devient l’héritier de la couronne alors qu’il n’a pas encore 4 ans, après qu’un cheval fou a tué son père. Il a 9 ans quand la révolution détrône son grand-père et lui interdit le territoire français. Il passe son premier exil en Angleterre, voyage au Levant, en Amérique, où il s’engage dans les rangs nordistes ; proscrit par la loi de la République, on lui refuse de défendre sa patrie en 1870. Les incertitudes politiques qui suivent l'armistice avec le IIe Reich, l’espoir bientôt déçu d’une restauration avec le comte de Chambord, petit-fils de Charles X, voient le prince attentif aux événements.
En 1883, à la mort de son cousin, il devient le chef de la maison de France, Philippe VII, et non Louis-Philippe II, et c’est assez dire que la parenthèse orléaniste était refermée et qu’il se replaçait dans l’axe capétien. Le comte de Paris n’est pas l’héritier de la couronne parce qu’il est le petit-fils de Louis-Philippe, mais parce qu’il est le plus proche parent du dernier héritier légitime, les princes espagnols issus de l’ancien duc d’Anjou devenu roi d’Espagne, petit-fils de Louis XIV, étant ipso jure exclus de la succession dynastique en France, non tant pour des raisons modernes de nationalité que par définition même, chaque couronne représentant une bénédiction particulière, Bernanos aurait dit une « vocation spirituelle », irréductible à toute autre. C’est ainsi que l’actuel comte de Paris, le prince Jean, était le seul habilité à préfacer cette biographie, parce que c’est à lui seul en France qu’il appartient de défendre le principe royal.
Philippe “VII”, avec ces guillemets de dictionnaire qui disent assez cruellement son dernier exil, hors de l’histoire, a fait ce qu’il a pu avec les circonstances qu’il a traversées, des hommes sur qui il ne pouvait guère compter (un politique retors, Rouvier, une tête folle, Boulanger). Ses Instructions aux monarchistes, le Pacte national où il esquisse une nouvelle Constitution ne manquent ni de force ni de hauteur de vue. Cet homme de réflexion et de prière a su défendre et transmettre au-delà de lui-même le service d’une cause inaltérable aux contingences. - Philippe Barthelet


Politique magazine n°168 d'avril 2018 : Deux traditions, un prince

Ce prince, petit-fils de Louis-Philippe 1er était peu connu. Il gagne à l’être mieux. Intelligent, travailleur, prudent et réservé, il réunit les deux traditions qui font son héritage, la légitimité du comte de Chambord et la modernité de la maison d’Orléans. Cette réconciliation n’était pas chose facile. Mais des deux côtés elle était tellement souhaitée que la lecture devient passionnante du déroulement de ces rencontres qui s’achèvent par le célèbre « les Orléans sont mes fils » du Comte de Chambord. Après la mort du denier des Bourbons de la branche aînée, c’est tout naturellement que ses fidèles de façon quasi-unanime, se tournent vers Philippe d’Orléans. Nous sommes dans un temps où légitimistes, orléanistes et bonapartistes font l’écrasante majorité à l’Assemblée.
Daniel Halévy a appelé cette période « la République des Ducs ». Ceux que René Rémond a appelés les trois droites sont ici en vraie représentation. Le comte de Paris dirige la manœuvre, s’occupe de chaque circonscription, sait qui est qui et où il est. Il conseille, ordonne, soutient financièrement ou interdit. Il négocie les alliances, dont celle, catastrophique et où il n’ira que contre son gré, avec le Général Boulanger. La fin de l’aventure boulangiste sonne le glas des espérances électorales royalistes. Les républicains, très minoritaires en 1871, sont vainqueurs en 1889. Le Ralliement prôné par Léon XIII va s’achever par la loi de séparation des Églises et de l’État, l’expulsion des congrégations et le vol des établissements d’éducation par la loi qui « fit l’école afin que l’école fasse la loi ».
En refermant cette chronique d’une époque charnière qui vit l’institution du système qui est encore au pouvoir, deux sentiments animent le lecteur. D’abord une grande tristesse que l’auteur résume ainsi : « En définitive, la possibilité d’une restauration monarchique est bien morte avec le comte de Paris, dernier représentant de la maison de France à la tête d’un parti royaliste puissant et organisé ». Cette conclusion en appelle aussitôt une autre, l’immense admiration pour le jeune Maurras qui, à 25 ans, se lance à ce moment dans un extraordinaire renouveau intellectuel, politique et militant du royalisme moribond. En 1952, Maurras meurt bagnard, matricule 8321 après sept ans de réclusion criminelle. Son œuvre est en débris et sa mémoire encore marquée du sceau de l’infamie. Mais en 1969, De Gaulle, méditant en Irlande sur son second et définitif abandon du pouvoir, écrit au comte de Paris « je m’en vais mais vous, vous demeurez ». À l’heure où j’écris ces lignes, l’actuel comte de Paris, qui a signé la préface de cet ouvrage, habite Dreux avec son épouse et ses cinq enfants, domaine royal depuis Robert le Grand. À qui veut bien observer, il n’est pas difficile de voir où sont les signes d’espérance. - Jacques Trémolet de Villers


La Nef, N°324-325, avril-mai 2020

Tombé, avec la défaite de Sedan, le prestige du second Empire, rejetés Napoléon III et sa dynastie, proclamée une nouvelle fois, après 1792, après 1848, la République, cette fin de l’été 1870 allait ouvrir un chapitre majeur de notre histoire. Ayant connu, depuis la naissance du siècle, l’aventure césarienne, le retour des Bourbons (d’abord de la branche aînée, ensuite de la branche cadette), la brève existence d’un régime incertain, et, sous le successeur revendiqué du premier Napoléon, une synthèse de démocratie et d’autorité personnelle, les Français, déçus, échaudés, se rabattirent (ultime tour de manège) sur l’estampille civile parée indûment des plus rares vertus. Cependant elle était loin, alors, de réunir tous les suffrages. Abondaient encore bonapartistes et aussi royalistes – lesquels, au lendemain de la mort du comte de Chambord, petit-fils de Charles X, montreront une tangible fidélité, comme la « fusion » les y inclinait, à son héritier le comte de Paris, petit-fils de Louis-Philippe.
Intelligent, très instruit, très appliqué, au surplus d’une grande rigueur morale, celui-ci, devenu fort jeune le porteétendard de la Maison d’Orléans et, en 1883, le chef de la Maison de France, donc le prétendant au trône, ne désespérait pas de conquérir le pouvoir. Néanmoins, malgré le relatif succès électoral de 1885, funeste s’avéra, un peu plus tard, le piteux épisode boulangiste. Et tout autant, le 20 février 1892, la pressante recommandation du pape Léon XIII (conséquence des échecs « conservateurs ») d’adhérer à la forme républicaine établie. Chose, bien entendu, inacceptable pour un prince, chrétien fervent mais gardien inflexible du « dépôt traditionnel » de la monarchie – qui, d’ailleurs, lui vaudra la vindicte de la gent politicienne, prompte fabricatrice d’une loi d’exil votée en 1886.
Tout cela, peu ou mal su, méritait d’être éclairci car Philippe VII fut, chez nous, le dernier Capétien-Bourbon à la tête d’un parti important possédant quelques chances. Voir le livre solidement documenté de Thibault Gandouly.

Thibault Gandouly, Paul de Cassagnac, l'enfant terrible du bonapartisme, Via Romana, février 2018. Récompensé par le prix 2018 de la Fondation Napoléon - Second Empire.

Cassagnac


Présentation :

Paul de Granier de Cassagnac, dit Paul de Cassagnac (1842-1904), a disparu des mémoires. Aucune rue, aucune place ne porte son nom dans le Gers, où il fut député pendant une vingtaine d'années. Aucun ouvrage biographique n’était consacré en France à l’inventeur du sobriquet de « Gueuse » pour désigner la République.
De grande taille, la moustache large, le teint légèrement basané, la démarche lente, l’homme a, d'après l’un de ses contemporains, le physique de l'homme des foules. « C'est d'Artagnan ou, si vous préférez, quelque capitaine du seizième siècle dont l'épée tient mal au fourreau, dont la langue est prompte aux ripostes meurtrières, toujours prêt à mettre flamberge au vent. »
Bonapartiste enragé et ardent défenseur du catholicisme tant dans la presse qu'à la tribune de la Chambre des députés, il vit toutes les secousses politiques de la seconde moitié du XIXe siècle : la chute de l'Empire, la victoire des républicains en 1876, le boulangisme, le ralliement et l'affaire Dreyfus. Il côtoie bon nombre des figures majeures du Second Empire et des premières décennies de la IIIe République : Napoléon III et le prince impérial, Adolphe Thiers, le maréchal de Mac-Mahon, Léon Gambetta, Jules Ferry, le comte de Paris ou Georges Clemenceau. Cassagnac est donc un formidable point d'observation de la vie politique de la fin du XIXe siècle, du côté des conservateurs.
Mais il y a plus : esprit indépendant et frondeur, duelliste invaincu, orateur et écrivain de talent, impliqué dans plusieurs intrigues, il fascine ses contemporains et fait tourner des têtes. « Son idéal serait d'être fils de croisés et de défendre le Roi et Dieu » écrit en 1879 l'une de ses admiratrices, Marie Bashkirtseff. Paul de Cassagnac est imprégné de cet esprit chevaleresque qui le fait combattre jusqu'à sa mort « pour Dieu et pour la France », comme l'indique sa devise. Toute sa vie se prévaut de sentiments de fidélité, de loyauté et d'honneur, et ce parfois jusqu’à l’excès.

Interview : "Passé-Présent" n°200, à partir de 20 minutes.

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Actu.fr Occitanie, le 1er mai 2018 : Paul de Cassagnac, l’homme qui voulait tuer « la Gueuse »

Après la gauche, la droite ! Et une biographie historique fermement maîtrisée et fort bien documentée sur Paul de Cassagnac (1842-1904).
Voilà un nom qui ne parle plus à grand monde quoiqu’il fut très célèbre au 19e siècle. Thibault Gandouly, jeune professeur d’histoire originaire de Toulouse propose sa redécouverte, racontant la vie haletante, passionnée, et même dangereuse menée par celui qui restera le meilleur trublion de la IIIe république. Député du Gers pendant vingt ans à la fin du 19 siècle, bonapartiste d’abord, « n’importequiste » ensuite, c’est à dire disposé à suivre tout ce qui mettrait un terme à la République qu’il surnommait la « Gueuse », Paul de Cassagnac est tout en péripéties.
Sa biographie, qui sent la poudre, est aussi une chronique de la vie politique et mondaine de la fin du 19e siècle, où Cassagnac se bat sans cesse : verbalement à la Chambre contre Clémenceau, Jaurès et Gambetta, en duel à l’épée ou au pistolet plus d’une vingtaine de fois, avec les femmes auprès desquelles il avait un franc succès. – Pascal Pallas


Politique magazine n°168 d'avril 2018 : Un Cyrano de Bergerac au temps du second Empire

Journaliste, polémiste, député du pays de Gascogne, il fut un bonapartiste acharné, ennemi implacable de la République, et inventeur de son surnom : La Gueuse. Il fut un bretteur redoutable et affronta en duel Aurélien Scholl, rédacteur du Nain jaune, Henri Rochefort, son cousin Prosper-Olivier Lissagaray, Gustave Flourens, Édouard Lockroy, Arthur Ranc, Gaston Thomson et Louis Andrieux… liste non exhaustive.
Engagé dans la guerre de 1870, il fut fait prisonnier après la bataille de Sedan, et interné dans la forteresse de Cosel. À son retour de captivité, il continua sa carrière de journaliste et de député. À cet égard il s’opposa farouchement à Jules Ferry sur la politique coloniale et sur les lois scolaires.
Bien que toujours fidèle à la famille Bonaparte il se rapprocha du Comte de Paris. Tout était possible, hors la République. Ce d’Artagnan, ce Cyrano était Paul de Cassagnac. Thibault Gandouly nous livre avec verve une biographie de ce personnage haut en couleur qui aurait pu inspirer Alexandre Dumas et qui pourrait être aussi un ancêtre de nos fameux Hussards en littérature. Cerise sur le gâteau, son fils affronta en duel à l’épée le 26 février 1912 Charles Maurras qui fut atteint à l’avant-bras !


La Nef, avril 2018 : Paul de Cassagnac, de Thibault Gandouly

En 1871, seuls trois députés de l’Assemblée nationale s’étaient levés à la contre-épreuve touchant le vote qui flétrissait Napoléon III, l’indigne vaincu de Sedan. Déclaré responsable du désastre, comment le régime déchu aurait-il pu garder des fidèles ? Or, au début de 1876, les bonapartistes se retrouvèrent à peu près 80 dans la nouvelle Chambre, et, celle-ci dissoute l’année suivante, ils revinrent une centaine à la fin de 1877 ; en 1881, malgré une forte décrue, la moitié des élus dits conservateurs appartenaient encore à leur obédience. De fait, après la mort, en janvier 1873, de l’ex-empereur, et jusqu’à la tragique disparition du prince impérial, le bonapartisme, à demi relevé de son discrédit, n’avait pas été sans quelques chances, d’ailleurs assez faibles. Malheureusement les sagaies des Zoulous vont porter un coup terrible aux espérances fondées sur le jeune prétendant, qui, à la vérité, bien plus que d’un Napoléonide, offrait le tempérament et les tendances d’un rey netto espagnol… Coup terrible, en effet, car voilà maintenant, promu chef de la dynastie au beau milieu de 1879, le prince Napoléon-Jérôme, sybarite, irréligieux et, du moins à la façon consulaire, d’opinions républicaines. Pour un tas de militants ou de sympathisants, c’était chose dure à avaler. Mais, robuste soutien de leur incompréhension, de leur refus, ne cessera de s’affirmer l’audace d’un personnage haut en couleur : Paul de Cassagnac.
Avec un vrai talent de plume, dont témoignait l’abondance de ses articles à l’emporte-pièce, avec des qualités d’orateur plein de verve et même d’éloquence, avec, au surplus, la réputation d’un bon manieur d’épée, que d’atouts dans son jeu ! Et pourtant, combien de mécomptes il lui fallut essuyer. Député du Gers de 1876 à 1893 et de 1898 à 1902, fondateur-directeur, en 1886, de l’Autorité, belliqueuse feuille quotidienne, Cassagnac, ennemi du prétendant Bonaparte père, « César déclassé », à la longue, fatigué puis dégoûté du prétendant Bonaparte fils, le prince Victor (qui prétendait surtout à la tranquillité), oui, Cassagnac, au cours des années 1890, souffrirait beaucoup, en dépit d’attitudes demeurées batailleuses, devant le glissement « républicain et plébiscitaire » d’un parti à la dérive. Au point que, vers le bout de sa vie (savamment éclairée par Thibault Gandouly), ce « catholique d’abord, monarchiste ensuite, impérialiste après », nostalgique du prince tombé au Natal… et du comte de Chambord, ne semblait plus guère entretenir d’illusion sur une quelconque restauration. – Michel Toda